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Mad in USA

Jayne Loader, Kevin & Pierce Kafferty, 1982, US, 16mm, vo st fr & nl, 92

Août 1945, Hiroshima et Nagasaki sont « soufflées » en quelques instants. Pour justifier cette hécatombe de civils, le gouvernement américain avait construit l’image d’un peuple nippon féroce et fanatique qui se battra jusqu’à la mort. On sait aujourd’hui que la glorieuse armée impériale était sur le point de capituler sans conditions. Années cinquante, la machine de propagande américaine imagine un « péril rouge ». La peur atomique permet de tenir docile une opinion publique qui pourrait être tentée par la contestation, et rencontre les intérêts du complexe militaro-industriel. C’est à un jubilatoire travail de déconstruction idéologique que se livrent les auteurs d’Atomic Café, magistrale leçon de montage digne d’Eisenstein. Entièrement conçu à partir de materiel de propagande nucléaire américaine des années de guerre froide, le film est constitué d’une juxtaposition d’extraits d’émissions radio et télé, d’archives gouvernementales et de l’armée, de dessins animés, de chansons folk et country ridicules sur le thème de la bombe atomique. Certains conseils des autorités de l’époque pourraient nous être fort utiles encore aujourd’hui. Exemple : « en cas d’attaques nucléaires, couchez-vous sous les tables, les lits ou la nappe du pique-nique ». On ne l’oubliera pas.

> 5 or 3,5 euros

17.01 > 22:30 + 24.01 > 20:00


Richard Linklater, 1991, US, video, vo st fr, 97

Pratiquement inconnu chez nous, "Slacker" aura pourtant marqué toute une génération Outre-Atlantique. En effet, Richard Linklater a été l"un des premiers à s"attacher à la "génération sacrifiée", les "twentysomething" ou encore les slackers qui, à l"instar de la Beat Generation, préfèrent zôner, glander, philosopher sur n"importe quoi, que de vivre le sempiternel "métro-boulot-dodo". Quoique, dormir, c"est aussi rêver. Et rêver, c"est un peu cogiter. Or, "chacune de nos pensées créent sa propre réalité", comme l"explique frénétiquement un jeune gars (Linklater himself) à un taximan qui n"en a cure. Dès lors, le film voyagera de pensées en pensées, et donc de réalités en réalités, puisque ne s"attachant qu"un moment à des personnages qui se rencontrent, parlent de leur lubies, puis se quittent. On suit alors un nouveau venu, et les anecdotes s"enchaînent, tel un road movie, mais sans héros. Une foule d"histoires donc, par une pléthore d"acteurs, qui nous dépeint avec humour et esprit, une journée de désoeuvrement à Austin, au Texas, capitale de l"oisiveté postmoderne américaine. Un véritable film indépendant, libre comme une caméra que l"on jetterait en l"air !

> 5 or 3,5 ¤

16.01 > 22:00 + 19.01 > 20:00 + 23.01 > 22:00 + 24.01 > 22:00


James Marsh, 1999, US-GB, 35mm, vo st non sous-titré, 76

Basé sur le livre éponyme de l’historien Michael Lesy, et centré sur les quelques 3000 images, à la fois morbides et fascinantes, d’un photographe de l’époque, Charles Van Schaik, "Wisconsin Death Trip" nous conte la folie meurtrière et suicidaire qui s’empare d’une communauté de fermiers et de négociants de Black River Falls, dans le Wisconsin, à la fin d’un XIXème siècle en pleine dépression. Cependant, James Marsh ajoute à ce cauchemard authentique, celui de faits divers contemporains qu’un narrateur nous décrit aussi minutieusement que les précédents, sur des images du même bled mais à notre époque. Des acteurs anonymes prennent la pose devant la caméra ; les prises sont tantôt en noir et blanc, tantôt en couleur suivant les périodes évoquées ; la musique en background va de Arvo Part au Réquiem de Faure. Mi-fiction, mi-documentaire, terrifiant, hallucinant et superbe, "Wisconsin Death Trip" est un poème cruel sur une Amérique profonde en décomposition, un monde en suspension encore et toujours au bord de l’abîmeŠ

> 5 or 3,5 ¤

23.01 > 20:00 + 25.01 > 22:00


+ Lost Book Found

Jem Cohen, 1996, US, super8 & 16mm > video, vo ang, 37

L’histoire est celle d’un ex-vendeur de hot-dog’s ( dont la voix en off parcourt tout le film) qui un jour achète à un clochard un mystérieux carnet de notes. Dans ce carnet sont inscrites des listes interminables de lieux, d’objets, de circonstances. Le narrateur est convaincu que ce carnet recèle un mystère, celui d’un code qui pourrait lui dévoiler une ville cachée ou peut-être oubliée. Tourné sur une période de cinq ans dans les rues de New York « Lost Book Found » est une sorte de documentaire-fiction poétique, une méditation sur la ville. Jem Cohen dédie ce film à ce grand philosophe que fut Walter Benjamin.

+ White Balance

François Bucher, 2002, US, video, vo ang, 32

Avec une acuité assez désarmante « White Balance » décrypte des logiques qui s’afficheraient comme étant typiquement américaines : celle du ’pouvoir’, celle du ’privilège’, celle de l’autorité du ’blanc’. Réalisé à partir d’images tournées avant, pendant et après le 11 septembre, il intègre aussi des clips, sciemment choisis, piochés sur le cable télé ou sur le net. Le jeu de renvois entre le visuel et le texte qui s’y affiche est à tel point habile et maîtrisé que l’on pourrait soupçonner un Chomsky d’en être complice.

> 5 or 3,5 euros

19.01 > 22:00 + 25.01 > 20:00


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prog: 321
pos: aval