Août 1945, Hiroshima et Nagasaki sont « soufflées » en quelques instants. Pour justifier cette hécatombe de civils, le gouvernement américain avait construit l’image d’un peuple nippon féroce et fanatique qui se battra jusqu’à la mort. On sait aujourd’hui que la glorieuse armée impériale était sur le point de capituler sans conditions. Années cinquante, la machine de propagande américaine imagine un « péril rouge ». La peur atomique permet de tenir docile une opinion publique qui pourrait être tentée par la contestation, et rencontre les intérêts du complexe militaro-industriel. C’est à un jubilatoire travail de déconstruction idéologique que se livrent les auteurs d’Atomic Café, magistrale leçon de montage digne d’Eisenstein. Entièrement conçu à partir de materiel de propagande nucléaire américaine des années de guerre froide, le film est constitué d’une juxtaposition d’extraits d’émissions radio et télé, d’archives gouvernementales et de l’armée, de dessins animés, de chansons folk et country ridicules sur le thème de la bombe atomique. Certains conseils des autorités de l’époque pourraient nous être fort utiles encore aujourd’hui. Exemple : « en cas d’attaques nucléaires, couchez-vous sous les tables, les lits ou la nappe du pique-nique ». On ne l’oubliera pas.
> 5 or 3,5 euros