C’est sur des images-télé d’un match de foot qui oppose l’Argentine à la Bolivie que s’ouvre le film "Bolivia". Le commentateur s’évertue à faire des éloges sur les prouesses de l’équipe argentine ; mais comme aussi à se moquer des maladresses de celle bolivienne.
Dès cette première séquence, qu’on ne pourrait plus symbolique, le sujet du film est amorcé : celui du racisme ordinaire que vivent beaucoup de latinos-américains qui ne sont pas natifs d’Argentine.
Fred, un bolivien sans papiers, débarque à Buenos-Aires pour chercher du boulot. Il en trouve un, non déclaré, comme cuistot dans un café-restaurant bon marché, fréquenté essentiellement par des habitués qui n’ont pas plus le sous que lui. Cela crée inévitablement des jalousies car, pour tous ces fréquentateurs fauchés, Fred vient de dérober un boulot qui aurait pû être le leur. Pourtant son salaire est de misère et pourrait difficilement faire survivre qui que ce soit.
L’histoire de "Bolivia" se déroule presque entièrement dans ce café-resto empesté de fumée et où les murs suent la friture. Toutefois, au-delà de cette situation en presque huis clos, le film est loin d’être claustrophobe, et la subtilité du réalisateur est bien celle de nous faire découvrir une galerie de portraits humains extrêmement riche ainsi qu’un quotidien qui foisonnent de petites anecdotes. Et ceci, loin de tout sentimentalisme facile. Filmé en noir et blanc, "Bolivia" rappelera peut-être à d’aucuns un certain cinéma underground américain du début des années ’80. C’est le premier long-métrage de Caetano, primé dans de nombreux festivals (Prix de la critique à Cannes en 2001).
5 or 3,5 EURO