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Nova : un cinéma ?

Des « Nova », il y en a un peu partout, disséminés aux quatres coins du monde. Il s’avère que souvent ce sont des radios ou des télés. Moins rigolo, il y a aussi des Nova-agences de marketing ou d’embauche. En Belgique notre premier concurrent reste néanmoins « Nova-éléctroménagers », que l’on pensait belge et qui en réalité est hollandais. Mais malgré les coups de téléphone d’une potentielle clientèle qui nous demande si nous avons encore des pièces pour telle friteuse ou des moules à gaufre, il semblerait qu’ici, dans notre petit pays, ou du moins à Bruxelles, nous ayons plus ou moins réussi à connoter « nova » avec « cinéma ». Beaucoup d’ailleurs diront « Nova » plutôt que « Cinéma Nova »...

Pourtant, on nous pose souvent une question, très simple : le Nova "c’est quoi ?". C’est-à-dire "c’est quoi au juste ? Ca fonctionne comment, pourquoi comme ceci, ou cela ?". Un peu comme si la réponse "c’est un cinéma" ne suffisait pas.
Alors, il est peut-être vrai que nous sommes les premiers à brouiller les pistes quand nous affirmons "Šc’est un cinéma et autre choseŠ.", et en même temps c’est surprenant que cette "Šautre choseŠ" - qu’ il est difficile d’expliciter ou de synthétiser en un autre mot - puisse troubler les esprits ! Le Nova semble en tout cas perturber aussi bien certains passants qui s’y aventurent un peu par hasard, que ces personnes qui n’osent pas franchir les bandes en caoutchouc qui flottent à l’entrée, et que certains décideurs politiquesŠ.

Cette difficulté à saisir le Nova dans ce qui serait une définition de son projet, ainsi que le fait qu’il soit souvent comparé à des expériences de salles de cinéma qui ont existé dans les années ’70, pourraient presque être les prémisses à un petit jeu d’induction.
Ayant au départ : 1) un problème de définition et 2) une récurrence dans un référencement éloigné dans le temps, la question à résoudre serait : le Nova est-ce un cinéma d’aujourd’hui ?!

Remontons alors dans le temps. Question d’y trouver quelques indices et repères. Entre des notions rudimentaires de cinéma, cinéphilie et règles de marché.

LES ANNEES ’50 et ’60
Les années cinquante et soixante sont souvent désignées comme les années d’or de la "cinéphilie", la décennie ’60 étant probablement celle où ce terme acquit sa signification la plus complète. Celle en tout cas où il y eut une conscience de ce qu’est "le cinéma" avec son bagage classique et ses possibilités de ’devenir’, et donc aussi de remises en question et de fractures.
Si les années fin ’50 et ’60 ont été celles de l’éclosion de mouvements comme la Nouvelle-Vague en France, le Free Cinema en Angleterre, l’Oberhausen Manifesto en Allemagne, Š(pour ne citer que ceux-la), elles ont aussi été celles où la vivacité des débats autour du cinéma ne peut que nous rendre jaloux aujourd’hui. Envieux en tout cas d’une époque où critiques et essayistes osaient afficher des opinions tranchées, osaient se chamailler et bousculer leurs "chapelles" respectives. Et si pour d’aucuns les revues françaises des "Cahiers du Cinéma" ou "Positif"sont celles qui ont laissé une trace durable de ces débats, pour d’autres il y eut aussi "Film Quaterly" ou "Film Culture" aux Etats-Unis, "Movie" ou "Sight and Sound" en Angleterre, "Bianco e Nero" ou "Filmcritica" en Italie, ŠLa liste des magazines et imprimés de cinéma en tout genre qui existait à cette époque est étonnante (et cela se poursuivi jusque dans les années ’70).
Années d’or aussi pour les salles de cinéma. Comme si tout allait de pairŠ Les statistiques en tout cas le prouvent : jamais le nombre de "salles", de ciné-clubs de quartier, d’université, de village, de paroisse, Šqu’il y eut à cette époque n’a été égalé par la suite. Le cinéma était "cinéphilique" mais était aussi un art populaire, fédérateur des désirs les plus divers.
Arrive ’68, année qui semble amorçer le début d’un changement et en tout cas la crise d’une certaine idée de la "cinéphilie". Les réalités politiques et sociales font irruption dans les salles obscures et y bousculent des idées de cinéma qui s’étaient peut-être trop retranchées sur elles-mêmes.

LES ANNEES ’70
Les années ’70 sembleraient ainsi être la période où s’enclenche un processus de changement qui prendra toute son ampleur dans les années ’80.
Ce sont les années où plutôt que de parler de "cinéphilie" on a commencé à utiliser couramment un terme, pas nouveau d’ailleurs, qui est celui "d’art et esssai". Car si auparavant la "cinéphilie" s’affichait comme un amour inconditionné pour le cinéma, balayant dans tous les genres, la définition "d’art et essais" a peut-être commencé à trahir à partir de ce moment un schisme entre ’un certain’ cinéma et ’un autre’. Entre un cinéma dit "commercial" et un autre dit "d’auteur". C’est en effet dans les années ’70 qu’apparaissent les premiers complexes cinématographiques, qui réunissent dans un même lieu plusieurs salles et qui, il faut le dire, à l’époque mélangeaient aussi bien des films "grand public" que des films "d’auteur". La différence étant, par rapport à des expériences de multi-salles qui avaient existé auparavant, que ces nouveaux complexes n’étaient plus du ressort d’une gestion individuelle ou familiale mais bien de celui de sociétés commerciales qui déjà avaient l’ambition d’organiser à un niveau national la distribution et la production cinématographique. On pourra facilement constater que conjointement à ce phénomène naissant d’une monopolisation du cinéma démarre aussi le déclin des salles qui entretemps s’étaient spécialisée dans "l’art et essai" ou le cinéma de genre. La salle "d’art et essai" s’étant au fil des années démarquée des autres salles de cinéma par des initiatives et des animations qui encadraient les films projetés.
Tout n’étant ni rose ni noir, si cette période est donc le début de la fin d’une période d’or pour le cinéma, elle est aussi celle où florissent des associations, des groupements, des syndicats, des réseaux,Š en tout genre, nationaux ou transfontaliers, qui fédèrent le cinéma "d’art et essai". Probablement dans un processus qui ne fait que prolonger ce qui se passa dans les années précédentes, mais aussi en cohérence avec les formes de conscientisation politique et sociale qui se sont affichées dans les années ’70.

LES ANNEES ’80
Quand exactement a-t-on commencé à parler de la mort du cinéma ? Fin années ’70 ? Années ’80 ? Si c’est bien dans les années ’70 que se sont opérés les premiers chamboulements structurels dans le cinéma, c’est dans les années ’80 que s’affiche la réalité d’un nouvel ordre des choses et que se déclinent des nouvelles règles de jeu, tant au niveau de la production, que de la distribution et de la diffusion cinéma. C’est la décennie où les termes économiques prennent le dessus sur ceux artistiques, comme par ailleurs des notions de "concurrence" sur celles "d’engagement", et où s’impose la logique du "box-office". Le monopole que certaines sociétés commencent à exercer de façon encore embryonnaire dix ans auparavant (en alignant des intérêts financiers à toutes les étapes du processus cinématographique) devient un risque réel pour la survie de ce cinéma qui se veut "indépendant" des préceptes économiques. Un peu partout, du moins en Europe, l’Etat intervient alors dans les réglementations sur la concurrence. De façon trop timide, il semblerait, puisque c’est probablement à cette époque que les services publics signent la dépendance du cinéma "de création" des subventions qu’ils veulent bien lui octroyer.
Dans un autre ordre d’idées, ce qu’on appellera désormais la culture "audio-visuelle" vient compléter le brouillage de cette décennie. La télévision veut faire du "cinéma", et elle va s’y atteler avec soin ! Car dès ce moment, au-delà de son rôle potentiel de diffuseur, elle devient aussi co-productrice et co-distributrice de cinéma. Nous inculquant les règles du "prime-time" qui ne sont d’ailleurs pas éloignées de celles du "box-office"Š "Cinéphilie" devient un mot un peu désuet ; certains parleront plutôt de "télé-ciné-philie". "Magnéto-télé-ciné-philie", pourrait-on ajouter.
Dans cette tourmente, c’est une mort qui s’ annonce pour ce qui reste des "petites" salles de cinéma. L’essor des complexes multi-salles, de pair avec leur pratique d’une économie de gestion, aura en effet contribué à un changement dans le rapport que le public pouvait avoir au cinéma, appâté qu’il est à consommer, et aura concouru à rendre anachronique la tradition du débat et de l’animation propre aux salles d’art et essai.

LES ANNEES ’90
Les années ’90 s’afficheront ainsi sous la bannière d’un retour vers le "spectaculaire". Le "spectaculaire" devant être interprété ici dans le sens d’une grandiloquence des moyens techniques mis en oeuvre et des effets recherchés. Les écrans des téléviseurs ainsi que ceux des multiplexes, qui en multipliant le nombre de salles en avaient réduit aussi la taille, semblent tout à coup devenu trop petits. On passe aux écrans télé 16:9 et haute-définition, voire au "home-cinéma". Les multiplexes aussi s’agrandissent. Les centres urbains, où jusqu’à présent ils étaient installés, ne permettant pas un élargissement des salles, ces grands complexes se transfèrent à la périphérie des villes (et, dit en passant, ressemblent de plus en plus à des supermarchés) .
Entretemps, les lois du marché se seront affinées, avec l’entrée en jeu de sociétés de marketing spécialisées qui interviennent aussi bien dans la production que dans la distribution d’un film. Le "perception analyzer", ce petit instrument qui sert à détecter les réactions d’un public, n’est pas un gadget de science-fiction ! Couramment utilisé aux Etats-Unis, il débarque sournoisement en Europe et met en place un cinéma de plus en plus calibré qui n’admet pas d’erreurs. Côté distribution et diffusion, les concentrations économiques ne font que renforcer le poids de quelques sociétés, pas seulement à un niveau national mais désormais aussi international.
Parallèlement, les grandes chaînes de télé procèdent au rachat d’un nombre impressionnant de films, de documentaires, d’archives (tous genres confondus), qui dans la plupart des cas ne servent que pour le remplissage de leurs grilles programmatiques. Cette mainmise sur un pan important du patrimoine cinématographique aura été possible grâce, entre autres, au déclin du réseau des salles art et essai et des mono-salles en général, et donc à la fermeture de nombreuses petites et moyennes sociétés de distribution. Nous sommes entrés dans l’ère des multinationales multi-médias.
Mais si les années ’90 sont une décennie d’épanouissement pour l’idéologie mercantile et de chambardement à un niveau esthétique (dû à la rapidité des innovations technologiques), elle est aussi une période riche en nouvelles formes de conscientisation politique et sociale. La vidéo, devenue accessible à tout le monde, se révèle alors comme le premier outil et support pour de multiples et diverses formes de créations qui contrecarrent le formatage grandissant de l’image filmée. Apparaît ici et là la notion de "résistance", du "cinéma qui résiste"Š Un problème pourtant existe : où montrer tous ces films qui n’ont pas accès au réseau des grands complexes ou des salles monopolisées par la distribution commerciale ? Que reste-t-il dans les années ’90 du réseau art et essai ? Rien ou presque rien, dans le sens où il est difficile de parler encore de "réseau". Restent quelques salles qui sont des exceptions. Cela variant de pays à pays (la France, à ce niveau-ci, étant aussi une "exception").

ET DONCŠ
C’est donc dans le contexte de ces années ’90 qu’il y a sept ans nous créions le Nova, en affichant clairement la volonté de combler un vide, du moins à Bruxelles, au niveau de la visibilité de "ce cinéma autre" que commercial et qui trouve de moins en moins ou pas de place dans les réseaux de distribution et de diffusion.

Rétroactivement, en repensant aujourd’hui aux débuts du Nova, il y a un peu cette impression qu’ il est presque né non seulement d’un soubresaut presque viscéral en réaction à un environnement de plus en plus embrigadé, mais aussi de l’impatience de pouvoir finalement exorciser "notre" idée du cinéma de tous ces diktats économiques et de mode qui étouffent. Et si au tout début nous faisions les programmations avec la naïveté et l’insouciance de qui ne sait rien et donc se permet tout, ce n’est que par après, une fois apprises sur le tas les ficelles du travail de gestion et de programmation d’une salle de cinéma, que nous avons commencé à réellement comprendre ce dans quoi nous étions entrés. C’est à dire à comprendre les enjeux qui se cachent derrière une mystification du cinéma qui est encore bien réelle. Ces enjeux, très malheureusement, sont souvent d’un ordre économique, et c’est en comprenant ça, de près, que probablement nous avons perdu une certaine insouciance.

Nous nous situons à une époque où de plus en plus de films sont réalisés, selon des options de production qui peuvent être très différentes, mais, paradoxallement, la diversité de tout ce qui constitue le cinéma d’aujourd’hui ne se reflète ni dans la distribution ni dans la diffusion. Dans un cas comme dans l’autre beaucoup de changements, d’ailleurs souvent liés, se sont opérés ces dernières années. Si, pour les années ’80, on peut parler de l’hécatombe des salles d’art et essai, dans les années ’90 et au début du nouveau millénaire, on parlera certainement de celle des distributeurs "indépendants". Les distributeurs qui ont survécu, comme les nouveaux, sont souvent obligés de rechercher des assises financières qui ont radicalement changé par rapport à celles qui ont existé dans le passé, dans le sens où aujourd’hui un distributeur est obligé de diversifier ses activités (comme par exemple en devenant co-producteur) et souvent ne peut plus se permettre de privilégier une salle de cinéma plutôt qu’une autre ; il ira vers le plus offrant (ce qui signifie la fin d’une liberté dans les partenariats). Par ailleurs un autre phénomène récent est celui des "marchés", souvent couplés aux festivals, où le prix des films se trouve biaisé par les intentions réelles des acheteurs. Un grand nombre de films, commerciaux ou d’art et essai, se retrouvent ainsi concentrés dans les catalogues de grandes sociétés commerciales. Cela entraîne en général une augmentation des prix des droits d’auteurs, et par la suite aussi de location des films, qui deviennent de plus en plus inabordables

Les bouleversements au sein de la distribution ont eu des répercussions directes sur le réseau des lieux de diffusion du cinéma. En ce qui concerne le parc des salles de cinéma, on nous parle récemment du nombre "d’écrans" qui serait à la hausse et d’un soi-disant retour du public vers les salles de spectacle. Tout semblerait donc aller pour le mieux si ce n’est que ces nouveaux écrans sont ceux des multisalles et qu’ils programment tous la même chose.
Par contre ce qui semble être venu combler le vide créé par les successives fermetures des salles d’art et essai, c’est le nombre croissant des festivals de cinéma, qui se révèle ainsi comme un nouveau réseau de diffusion. Si ce phénomène en un sens est positif, abordé d’un autre angle il a des répercussions doubles, car il place le cinéma dans une situation où l’éphémère et l’événementiel domine, ce qui par ailleurs va de pair avec la rapidité toujours plus grande des sorties de films en salle.

Ainsi, si dans le passé les enjeux du cinéma se sont souvent situés tour à tour au niveau de la création ou de la production, on pourrait faire le constat que ceux-ci se sont lentement déplacés vers la distribution et la diffusion. Avoir accès à l’un comme à l’autre c’est ce qui permet "aussi" que le cinéma existe. Plus que jamais c’est probablement ici que se joue une nouvelle guerre des nerfs.
Dans la suite de cette réflexion on pourrait alors se dire qu’aujourd’hui la gestion d’une salle de cinéma suppose une nouvelle forme de responsabilité, qui serait entre autres celle d’y afficher, au travers d’une programmation, des prises de position et un discours.

Au Nova, nous avons probablement la prétention de croire que nous assumons des responsabilités et que nous proposons un discours. Voire même "des" discours. En relation non seulement avec le cinéma mais aussi avec d’autres domaines artistiques, avec la ville et le réseau associatif. Tout ça c’est ce qui fait que le Nova soit un cinéma Š et "autre chose". Et que tout simplement il soit "une" parmis d’autres possibilités d’appréhender le cinéma. Notre choix étant celui de le confronter avec des réalités "autres" que celles qui défilent sur une toile.
Si le cinéma a été défini comme étant cinéphilique à un certain moment, "d’art et essai" à un autre, "de recherche" peu après, aujourd’hui ce cinéma qui n’est pas celui des multinationales flotte dans une nébuleuse de définitions. C’est peut-être pour cela, qu’à défaut de repères clairs, le Nova reste réfractaire à toute forme de labellisation et que selon les circonstances il empruntera un terme ou l’autre.

Mais donc voilà, une conclusion à tout ça pourrait être que le Nova n’invente rien ! Il ne fait que se situer dans la continuité de ce mouvement qui défend un cinéma fait "d’idées" et non de "formules" et qui existe depuis plusieurs décennies. Consciemment ou inconsciemment nous aurons hérité des années ’60 le goût de la provocation et du débat ; des années ’70, l’idée du collectif et l’envie d’animer les programmations ; des années ’80, la curiosité d’explorer aussi bien le cinéma que l’audiovisuel ; des années ’90, la persévérance à résister (!). A l’aube du nouveau millénaire le Nova ne fait que proposer des choix dans le déferlement d’images auquel on a droit (ou auquel on est soumis).

"Au cinéma, il faut faire la part des choses. C’est-à-dire retenir, fixer, désenclaver, privilégier certains films. Au détriment des autres. Pour marquer leur importance. Pour qu’on sache nous-mêmes, ce qui est plus difficile qu’il n’y paraît, qui on est et qui on aimeŠ"
(Louis Skorecki, les "Cahiers du cinéma", octobre 1978)

Et puis, effectivement, il y avait une question au départ, mais à vous d’y répondre maintenant !

Katia



"Il n’a sans doute échappé à personne que la cinéphilie "régulière" est en recul. Bien sûr, il existe encore quelques exceptions sporadiques, mais en général la curiosité pour ce qui n’est pas encore "reconnu" s’est quelque peu émoussée chez le spectateur et ne revit que par le biais d’événements spéciaux ou de festivals (Š). Il y a à cela de nombreuses causes (parmi lesquelles l’émergence de nouvelles formes audiovisuelles) mais le rôle des médias n’y est pas étranger. Il ne s’agit certainement pas de mettre en cause des journalistes individuels, mais plutôt une politique rédactionnelle qui se contente le plus souvent de n’être qu’un décalque des goûts du plus large public et n’accordant qu’une place et une attention réduites aux films qui sortent des sentiers balisés".
("La fin de Progrès Films", Grace Winter, juillet 2002)

"On essaie de mettre les petits et les grands films sur le même pied, sans créer de ghettos. Mais en l"absence d"une vraie presse de cinéma, les critiques se retrouvent dans les rédactions de journaux populaires qui ont certaines politiques éditoriales. (Š) Ici au "Soir", on n"est que 2 à s"occuper de cinéma. On n"a jamais le temps de voir tous les films, et on agit souvent dans l"urgence. (Š) Les distributeurs américains sont devenus d"une brutalité inouïe avec la presse. (Š) Ils considèrent que parler d"autres films que les leurs, c"est de l"espace volé. (Š) Il y a donc aujourd"hui des "films obligatoires", dont personne ne pourra éviter de parler. Bien sûr, cela me pose un problème d"éthique mais je refuse souvent les concessions... Disons que je résiste à 60%".
(Interview de Luc Honorez, Nova#16, juin 1998)



"Aujourd’hui, il n’est plus possible de se consacrer à la diffusion spécialisée et exclusive des films "art et essai" car les marges bénéficiaires générées par ceux-ci ne suffisent plus à entretenir une structure capable d’assurer un travail de distribution de qualité. En d’autres termes, il me semble qu’il ne sera dorénavant possible de diffuser ces films que si ceux-ci ne constituent qu’une part, marginale ou non, de l’activité générale d’une société. Ceci d’autant plus que par la concurrence effrénée de la part des sociétés plus importantes qui ont pour objectif de couvrir l’éventail complet des genres de films, les prix de ces films "art et essai" ont grimpé loin au-delà de leur valeur marchande, la valeur de prestige en tenant lieu. (Š)
("La fin de Progrès Films", Grace Winter, juillet 2002)



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