Les écrans européens ne sont pas à l’heure actuelle submergés de films roumains, c’est le moins que l’on puisse dire. Les écrans roumains eux-mêmes n’en sont pas envahis. Et pourtant, il existe encore des cinéastes roumains, qui ne vivent bien sûr pas tous en Roumanie, mais c’est aussi ça l’histoire de ce pays aujourd’hui. D’ailleurs le cinéma roumain - qu’il soit fait par ceux qui sont restés ou ceux qui sont partis - ne parle pratiquement que de ça. Docus ou fictions, courts ou longs métrages, le sujet reste le même : qu’est-ce qu’on serait mieux ailleurs, c’était mieux avant, vivement demain que ça s’arrange... Comme le cinéma n’est pas exactement la vie et qu’il exprime autre chose que des réalités sociales ou politiques, qu’il ne s’encombre généralement pas du discours des sciences sociales, qu’il est avant tout une intervention technique, il permet d’avoir un panel de films assez large même s’ils traitent de sujets très proches. Pour les uns, la référence à l’Occident est formelle (et si on faisait un film à la Tarantino ou à la Schwarzwaldklinik ?), pour d’autres elle est dans le discours voire, pour la plupart, partie intégrante du scénario. On imagine aisément que la Roumanie n’est pas un grand producteur de films et très peu de réalisateurs trouvent des fonds pour leurs projets. Qu’à cela ne tienne, le court métrage (la plupart du temps en 35 mm, aussi et surtout à l’école du film de Bucarest) est une solution ; nous avons donc décidé de consacrer au "court" un volet important. Bien que cinéaste reconnu, Nae Caranfil n’a pas souvent vu ses films projetés en Belgique, pas plus que ceux du documentariste Thomas Ciulei, du coup les spectateurs non plus...