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Films

A Wittstock, une petite ville du Brandebourg en Allemagne de l"Est, l"une des principales activités est l"usine de vêtements où Volker Koepp rencontre ses trois personnages : Edith, Elisabeth (Stupsi) et Renate. Trois femmes, de trois générations différentes, travaillent ensemble dans l"idéal ouvriériste de la RDA. Le film offre un aperçu fascinant de la vie provinciale en RDA. Ses habitants ont dû faire face à des problèmes constants au travail, générés par les mutations politiques et la chute du mur, pour aboutir ensuite à des licenciements pour raisons politiques, et enfin à la fermeture de l"usine. Le chômage arrive brutalement dans la vie des trois ouvrières, elles s"en accomodent différemment. Elisabeth passe d"une formation à une autre, Renate l"ainée devient femme de chambre dans un petit hôtel, et Edith, la rebelle, est partie vivre dans une autre région, et a perdu ses réflexes militants. Volker Koepp, dans la tradition est-allemande de cinéma documentaire de longue observation, a filmé 22 ans à Wittstock, et a tiré cinq films de cette expérience. "Wittstock, Wittstock" est le dernier volet, un triple portrait magnifique, où le lien créé entre les personnages et le réalisateur devient sujet à part entière.—

05.11 > 18:00 + 10.11 > 22:00


The Mayfair Set

Les flibustiers de la finance

Ce documentaire retrace, des années 1960 en Angleterre jusqu’aux années 1990 aux Etats-Unis, l’histoire d’une révolution économico-politico-symbolique initiée par une nouvelle espèce de spéculateurs. Il explique comment ces pirates de la finance s’attaquent aux grandes industries de l’époque pour les démanteler. Accumulant les sociétés, ils réduisent les coûts en fermant les secteurs jugés improductifs et licencient jusqu’à 40 % du personnel. Ces nouveaux prédateurs ruinent le vieux système économique et inaugurent l’ère de l’individualisme et du profit à tout crin, sans égards pour les milliers d’employés éjectés. Ils transforment le monde en une mêlée générale où le marché décide jour après jour, minute par minute, qui aura le pouvoir et la richesse, et qui en sera privé. La révolution financière qu’ils ont déclenchée, leurs idées et leurs méthodes leur ont survécu.

Un peu d’analyse avec cette enquête très british qui a le mérite de personnaliser et dénouer l’origine des liens politico-financiers qui pèsent sur nos vies ...

05.11 > 20:00


Johan van der Keuken, 1976, NL, 16mm, vo st fr, 42

"Des "instantanés" pris dans la réalité sociale de l’Europe de l’Ouest. Dans les portraits de Joop Uchtman, qui a travaillé jusqu’à l’année dernière comme contremaître dans un atelier de textile, et de Doris Schwert, une jeune femme qui suit la tradition communiste de son père, j’ai surtout travaillé sur la parole, en interviewant les personnages de façon frontale, tout en tenant la caméra sur l’épaule (la caméra est un protagoniste du film). Dans le troisième portrait, les mots sont rares. Le film montre tous les gestes que Jan van Haagen, ouvrier métallurgique, accomplit au cours de sa journée de travail, de façon condensée : les 9 heures 25 qu’on passe en sa présence défilent en 12 minutes" (Van Der Keuken).

"Le printemps" était le titre du film original. Il. rassemblait cinq portraits, témoignages de la crise économique de 1974, dont Johan Van Der Keuken a préféré ensuite diffuser uniquement ces trois séquences, qui confrontent les vécus et les questionnements de chômeurs et ouvriers.

+

André Görz. Sur le travail

+ André Görz. Sur le travail

Marian Handwerker, 1990, BE, video, 28

Le philosophe français André Gorz, ancien compagnon de route de Jean-Paul Sartre, centre sa pensée sur la problématique des évolutions de la société industrielle. Il estime que le travail à but exclusivement économique n’est devenu progressivement dominant que sous l’égide du capitalisme et avec la généralisation des échanges marchands. Selon lui, nous vivons la fin de cette ère. Le travail payé devient plus rare pour une population active qui ne décroît pas. L’évolution technologique permet des prouesses de productivité, inimaginables il y a encore vingt ans. Si cette tendance se poursuit, la population active des sociétés occidentales se segmentera entre une minorité aristocratique de salariés à l’emploi et à revenu stables et une majorité d’exclus à des degrés divers.

05.11 > 22:00 + 10.11 > 20:00


Slatan Dudow, 1932, DE, 16mm, vo st fr, 85

A Berlin, durant la crise, Annie fréquente Fritz : tous deux ont du travail mais le frère de la jeune fille, chômeur, se suicide. Les amoureux fêtent leurs fiançailles sous la tente des parents d’Annie, expulsés de leur logement et réinstallés dans un camp de chômeurs nommé Kühle Wampe. Une fête sportive et politique est organisée pour galvaniser l’énergie des victimes de la crise.

La censure interdit ce pamphlet politique qui, sur un scénario de Bertolt Brecht, posait la question (c’est le sens du sous-titre allemand) de savoir "à qui appartient le monde", aux exploiteurs ou aux exploités ? Sa vigueur polémique et didactique, portée par la musique de Hanns Eisler, en faisait un efficace instrument d’agit-prop. Il conserve encore sa force filmique caractérisée par la mise en oeuvre d’un authentique réalisme dans une approche quasi documentaire de la situation sociale de l’Allemagne à la veille du nazisme. (d’après Marcel Martin)

(Avec le soutient du Goethe Institut)

06.11 > 20:00


A l"origine, il y a le projet de trois réalisateurs de se lancer dans la réalisation d"un film sur le refus du travail. Aujourd"hui, Pierre Carles (qu"on connaît notamment pour "Pas vu pas pris", "Enfin pris" et "La sociologie est un sport de combat"), Christophe Coello et Stéphane Goxe n"ont toujours pas fini de concrétiser ce film qui devrait sortir en septembre 2006 sous le titre de "Volem rien foutre al pais". En attendant, "Attention danger travail" a vu le jour. C"est d"abord une compilation de séquences nouvelles ou existantes, sortie dans un premier temps en cassette vidéo et destinée à promouvoir et à financer le projet des trois réalisateurs. Au fil des projections, leur enquête n"a cessé d"évoluer, d"intégrer de nouveaux éléments, au point d"offrir une multitude de visages et d"aboutir à une version qui a finalement bénéficié en France d"une sortie en salles. On y croisera notamment une dizaine de chômeurs et chômeuses racontant pourquoi et comment ils ont décidé de ne plus aller travailler. Après avoir fréquenté le monde du travail, ces hommes et femmes ont fui l"usine, l"entrepôt ou le bureau, bien décidés à ne plus accepter les règles du "marché". Loin de l"image du chômeur accablé ou déprimé, ces "sans-emploi qui n"en demandent pas pour autant", ces "déserteurs de la guerre économique" expliquent ouvertement pourquoi ils cherchent à s"épanouir en dehors du monde du travail, avec peu de ressources mais en disposant de leur temps.

06.11 > 22:00 + 11.11 > 20:00


Tijd om gelukkig te zijn

Du temps pour être heureux

Un homme de quarante ans est soudainement renvoyé de son boulot. Il est au chômage, comme tant d"autres. Il passe son temps à se promener en ville, il prend des photos. Il rencontre sa maîtresse, une femme mariée avec qui il se dispute incessamment. Sa situation de chômeur a des conséquences inattendues dans sa vie amoureuse ! Comme chaque chômeur, il doit aller pointer ­ c’est l’époque où le contrôle se faisait tous les jours -, et il est censé chercher activement du travail. Mais est-ce vraiment cela qu"il veut ? N"a-t-il pas enfin du temps pour être heureux ? Pendant cette quête du sens de son existence, il rencontre une jeune fille qui se révolte contre la banalité de sa petite vie. Une amitié inhabituelle entre ces deux âmes errantes commence.
Jan Decleir, sans aucun doute le meilleur acteur en Flandre, joue le rôle du chômeur dans un film du réalisateur Frans Buyens, décédé en 2004. Cet autodidacte, auteur de documentaires socialement engagé, est considéré comme le réalisateur belge "le moins commercial, mais le plus productif". "Du temps pour être heureux" date de début années 80, une période de crise où l’on pensait que le chômage serait exponentiel. Loin d"être un film qui revendique un boulot digne pour tout le monde, c"est un des rares films qui interroge le vécu des chômeurs et pose des questions toujours actuelles.

11.11 > 22:00 + 18.11 > 22:00


Catherine Pozzo di Borgo, FR, vo

L’un des grands problèmes auxquels l’Europe doit faire face aujourd’hui est la persistance d’un chômage de masse. Pour tenter d’enrayer ce mouvement, les gouvernements mettent en place diverses mesures dont aucune, jusqu’à présent, n’a fait la preuve de son efficacité. Le film montre, à travers les témoignages de chômeurs et de travailleurs sociaux, comment ces mesures sont de plus en plus coercitives : réduction des allocations de chômage, obligation de rechercher activement un emploi, voire même d’accepter n’importe quel travail à n’importe quel prix. L’étude comparative menée sur quatre pays -la France, la Grande-Bretagne, la Belgique et l’Allemagne- permet de voir comment ces dispositifs, largement orchestrés par la Commission européenne, ont pour objet non pas d’éradiquer le chômage mais de faire baisser encore les bas salaires et d’accroître la précarité du travail. Un film documentaire qui s’inscrit dans un débat malheureusement très actuel : la remise en cause des systèmes de protection sociale dans de nombreux pays européens.

+ débat

12.11 > 20:00


Au début des années 1980, des jeunes gens d’origine ouvrière, tous chômeurs, témoignent de leur souhait de s’inventer par tous les moyens une vie meilleure. Les usines ferment les unes après les autres, mais les jeunes continuent de rêver à une existence libérée des servitudes du prolétariat. Portraits, entre autres, de caïds liégeois qui n’ont vraiment pas envie de travailler, de leurs amis ouvriers qui n’ont vraiment pas envie d’être au chômage et d’un délégué syndical et son utopie du plein emploi, tous réunis au café. Témoin d’une époque de crise où les mesures de diminution de l’allocation de chômage ont entrainé des manifestations houleuses contre les mesures d’austerité du gouvernement, ce documentaire montre des jeunes réclamant de l’emploi, des sous, et la fin du pointage quotidien.

13.11 > 18:00


En 1967 (250 000 demandeurs d’emploi), Georges Pompidou s’inquiétait : "Si un jour on atteint les cinq cent mille chômeurs en France, ça sera la révolution". Il n’y a pas eu de révolution, mais un lent "écrasement" provoqué à la fois par une armée de réserve d’intérimaires et de contrats à durée déterminée, la défaite ouvrière, l’affaiblissement des syndicats, le démantèlement de l’Etat social et la fragmentation des classes populaires. Le personnage de M. Edouard Balladur fournit une illustration saisissante de l’opposition entre deux époques : en 1968, le "jeune" conseiller social de Pompidou joue les démineurs face au "péril rouge". Trente ans plus tard, l’ex-premier ministre raconte, de sa voix méprisante et suffisante, qu’il n’a rien contre les mots de "flexibilité" ou de "précarité". Depuis, la peur sociale a changé de camp. Entre-temps, la société salariale s’est décomposée, les systèmes de protection ont craqué, les valeurs de gauche - comme égalité ou fraternité - ont été tournées en ridicule. Et le film insiste sur le "tournant de la rigueur", la "modernisation conservatrice" de la gauche au pouvoir, la montée du chômage, la réhabilitation de l’entreprise - les images de Bernard Tapie et d’Yves Montand en disent long sur le "travail idéologique" effectué pour changer les structures mentales" (d’après Le Monde Diplomatique, 11/2001).

+ débat en présence du réalisateur

13.11 > 20:00


Mini-fable saugrenue et démente sur le thème des demandeurs d’emploi, "La comédie du travail" dresse les portraits parallèles d’un chômeur professionel entêté à ne rien faire et d’un obsédé infatigable du travail à tout prix. On y rencontrera aussi une sorte de Mère Thérèsa du chômage s’acharnant à fournir un métier à ceux qui n’en veulent pas. Il n’ y avait que Luc Moullet pour tenter en France un tel film sur un sujet comme le chômage. Ancien critique drôlatique des "Cahiers du cinéma" et cinéaste pince-sans-rire issu de la Nouvelle Vague, spécialisé dans les sujets guoguenards et la dérision grinçante, Moullet a bricolé six films gags en 25 ans, aux frontières de la subversion et de la malséance. Dans la lignée d’"Une aventure de Billy the Kid" et d’"Anatomie d’un repas", "La comédie du travail" est un autre essai de dinguerie noire. Un seul regret : "J’aurais voulu mettre en exergue à mon film la phrase d’un humoriste connu : "L’homme n’est pas fait pour le travail, la preuve, le travail le fatigue".

18.11 > 20:00


Pour lutter contre la morosité, voici une soirée mélangée avec des courts films, de dérision, activistes ou d’entreprises (trés serieux) ; avec des interventions, des chansons, des invités surprises... Et pourquoi ne pas mettre un pas sur la piste de danse pour célebrer la fin du pointage ? Ambiance joyeusement décadente et férocement anti-turbin, animé par Matthieu Ha & les Novembristes, et leurs diapositives subliminales contre le travail ! Suivi par DJ Poil sur le dos. Et tout ça GRATIS !

A voir, entre autres, et dans le désordre :

Saint Precarious goes shopping (*) - A Milan, pour protester contre l’ouverture des supermarchés les jours fériés, St Précaire et ses fidèles processionnent dans les temples de la consommation et de l’exploitation.

Yomango Tango (*) - Pour commémorer la "révolution de décembre" en Argentine, Yomango dévalise le rayon Champagne sur un air de tango.

Contrato Basura (*) - Un jeune homme décroche un contrat. Ô surprise...

Nous sommes partout (*) - La lutte acharnée des intermittents en France contre la liquidation de leur assurance chômage...

ONEM ou on n’aime pas (André François) - Etre inspecteur de l’ONEM c’est un boulot comme un autre, n’est-ce pas ?

Twice a month gang ­ (Hugues Haussman) - Un court métrage sur une bande qui se réunit 2 fois par mois pour....

PleinOPENair (Hugo Van der Vennet) - Un exemple du travail bénévole collectif, Tati-esque et avec accompagnement musicale.

(*) des courts métrages du DVD "Precarity"

19.11 > 20:30


Frederick Wiseman, US

Dans le cadre de son travail d’observation et de critique des institutions américaines, Frederick Wiseman filme le quotidien d’un bureau d’aide sociale (welfare center) à New-York. Pendant plusieurs mois, il assiste, en témoin silencieux, aux discussions entre les employés et les usagers. Balladés d’un service à un autre, obligés de se justifier et de jouer le rôle qu’on leur demande pour bénéficier de l’allocation, desesperés et révoltés, toujours dignes, une centaine de personnes vont se succéder pendant deux heures et demi devant la caméra du maître du "cinema direct".
Les conversations, restituées dans leur intégralité, sans commentaires ni voix-off, plongent littéralement le spectateur dans la terrible réalité sociale d’un aquarium où des précaires affamés et sans nageoires viennent s’échouer dans les filets d’une administration débordée et impuissante.
Cela ne se passe pas dans le monde imaginaire d’une série-B futuriste, mais aux Etats Unis, en 1975.

20.11 > 20:00


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