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Marselha, istòria universala

*"La grande ville, où je suis né / Appelée Marseille par les Français / Porte de l’Afrique dès l’antiquité / Elle fut construite par des immigrés / Depuis bien longtemps elle vit en paix / Dans le respect de toutes les communautés (...) Il y a des Arméniens, il y a des Algériens / Il y a des Tunisiens, il y a des Italiens / Il y a des Marocains, il y a des Comoriens / Ici se trouve rassemblé presque tout le genre humain / La cité a été bâtie grâce à ces millions de mains / Tout le monde vit sa vie et beaucoup s’y trouvent bien / La culture de ce pays qu’on appelle Occitanie / A toujours su intégrer les gens de tous les pays" — "Ma ville est malade", Massilia Sound System, 1997.

Ville maritime ouverte sur la Méditerranée, qui a été en relation avec les cinq continents et s’est retrouvée au centre de multiples convoitises, Marseille est, depuis l’ère industrielle, une grande ville d’immigration. Une identité qui n’a jamais plu à ses élites. Aujourd’hui encore, la "reconquête" de la ville est en marche. Elle vise à transformer le port en port de plaisance, à remplacer ses industries par des bureaux, ses populations populaires par des classes moyennes, ses friches urbaines par des studios de cinéma (Luc Besson, la série "Plus belle la vie", etc.),... Le dessein est clair : faire du port une "Croisette comme à Cannes", du centre-ville un centre de tourisme et d’affaires comme Saint-Tropez ou Nice. L’arrivée du TGV et le lancement d’une vaste opération immobilière appelée "Euroméditerranée" sont, actuellement, deux des principaux vecteurs de ce processus. Pourtant, ce projet s’inscrit dans la continuité d’une histoire déjà ancienne... Et universelle, car elle nous ramène à des processus qui sont à l’oeuvre dans la plupart des grandes villes du monde. Les efforts politiques entrepris pour réussir une mutation sociologique ne se passent pas d’un changement d’image de la ville et se jouent sur différents tableaux : communication, city marketing, mais aussi, bien sûr, par le biais du cinéma et de la télévision.*



A travers l’histoire de Marseille et de ses rapports complexes avec l’Etat français, le mépris affiché par les élites pour la sociologie de la ville est constante. De la précieuse Mademoiselle de Scudéry, qui écrivait en 1647 que "le voisinage d’Alger a rendu Marseille trop barbare" ; à Pierre Laval, annonçant pendant la Seconde Guerre mondiale son intention d’"épurer Marseille, qui en a bien besoin". De Louis XIV, qui fit tourner ses canons vers la cité "de peur que la fidèle Marseille, trop souvent en proie aux criminelles agitations de quelques-uns, ne mène à leur perte la ville ou le royaume, par une trop grande passion de la libert", au proconsul de la Convention Louis Fréron qui affirmait en 1795 : "Marseille est incurable à jamais, à moins d’une déportation de tous ses habitants et d’une transfusion d’hommes du Nord"... Aujourd’hui, le maire Jean-Claude Gaudin et son adjoint à l’urbanisme ne disent pas autre chose en déclarant : "On a besoin de gens qui créent de la richesse. Il faut nous débarasser de la moitié des habitants de la ville. Le cœur de la ville mérite autre chose".
En relatant l’évolution de sa ville, du premier millénaire à nos jours, sa relation avec l’Etat-Nation puis avec la mondialisation, Alèssi Dell’Umbria ne se fait pas seulement l’historien d’une petite ville méditerranéenne, il décrit tout aussi bien Marseille que Lyon, Shangai ou Bruxelles...

"Histoire universelle de Marseille. De l’an mil à l’an deux mille"
Alèssi Dell’Umbria, 2006, 792 pages, Editions Agone :
http://atheles.org/agone/histoireuniverselledemarseille

[ Gratis ]

25.01 > 20:00


René Allio, 1980, FR, 35mm, vo fr, 117

Pour Alèssi Dell’Umbria, "Retour à Marseille" est "sans doute le film qui sonne le plus vrai" sur Marseille. Car, à l’inverse des films récents de Robert Guédiguian par exemple, il ne cherche pas à donner une image policée d’un Marseille villageois à travers des personnages "typiques" qui semblent désormais ne plus y avoir leur place. "Peut-être que ce que les gens viennent chercher à Marseille a déjà disparu", reconnaît Guédiguian. Et c’est précisément ce qu’exprime le film de René Allio : "le moment où nombre de Marseillais se rendent compte que la désintégration de la ville est irréversible".
Parti vivre dans l’Italie de ses origines, où il a acquis une belle situation, Michel revient dans sa Marseille natale pour assister à l’enterrement de sa tante. Après vingt ans d’absence, il retrouve sa famille avec plaisir. Mais à la sortie des funérailles, son neveu lui vole sa voiture. Michel ne dit rien à la police et part à la recherche de son véhicule, dans lequel sont entreposés des documents importants et pour le moins compromettants. À travers cette enquête qui amènera Michel à redécouvrir sa ville sous un nouveau jour, "dans ce double mouvement de l’immigré, Allio a capté l’essence même de la nostalgie, ce qu’elle a de plus vrai". Avec Raf Vallone, Andréa Ferréol, Ariane Ascaride, Philippe Caubère...

[ 5 / 3,5 euro ]

25.01 > 22:00


Paul Carpita, 1953-1955, FR, 35mn, vo fr, 75

De Marseille, où furent tournés les premiers films des frères Lumière, quelle image nous renvoie le cinéma ? Des paysages de carte postale, bien souvent... Même Marcel Pagnol, dans ses films, ignorait le monde ouvrier et préférait filmer en studio ou dans des décors artificiels (n’hésitant pas, par exemple, à reconstituer de toutes pièces un village provençal)... Le pari de Paul Carpita fut tout autre : réaliser une fiction sur la grève des dockers menée en 1953 contre la guerre d’Indochine, mais avec des acteurs non professionnels (des dockers) et en tournant dans des décors réels, malgré les interdictions. Le régime ne s’y trompa pas. Le soir de la première du film, les copies furent saisies sur ordre du préfet. Cette censure, qui ne provoqua ni réaction des milieux du cinéma, ni même du Parti communiste dont Carpita faisait partie, ne fut levée qu’en... 1989. A partir de deux copies retrouvées, dont l’une particulièrement amputée de ses éléments subversifs, "Le rendez-vous des quais" fut restauré et remonté, mais définitivement réduit de 15 minutes. Depuis, nous pouvons vérifier que ce "rendez-vous" est bien celui des amoureux et des dockers, celui de la fiction (l’amour entre Robert et Marcelle) et du documentaire (la vie quotidienne des femmes, des gosses et des dockers, la grève, la crise sociale, le conflit colonial)...

[ 5 / 3,5 euro ]

31.01 > 22:00 + 10.02 > 18:00


Florence Lloret, 2007, FR, video, vo fr, 75

Marseille, la Joliette : un quartier populaire situé le long du port. Face à la mer, un nouveau monde émerge et en recouvre peu à peu un autre. Dans le langage des autorités et des promoteurs, on dit que la Joliette "possède de nombreux atouts : un positionnement stratégique entre port et centre-ville et une accessibilité remarquable". Tout en y développant la promotion d’un nouveau quartier d’affaires, Euroméditerranée s’attache "à développer un véritable quartier de services pour les salariés des bureaux et pour les nouveaux habitants". Florence Lloret, une artiste venue du théâtre, et sa caméra se font les témoins de ce lent glissement. Que vont devenir ceux qui vivent là ? Comment regardent-ils la transformation de leur quartier ? Comment évolueront-ils dans la Joliette de demain ? Et à quoi ressemblera-t-elle ? Quel est l’imaginaire de ceux qui orchestrent cette mutation ?

[ 5 / 3,5 euro ]

26.01 > 19:00


Patrick Talliercio, 2006, FR, vo fr, 65

A Marseille, la rue de la République est une artère haussmanienne du XIXe siècle qui relie le Vieux-Port aux gares maritimes. Malheureusement pour les promoteurs de l’époque (des investisseurs étrangers entraînés par leur projet dans la faillite), les appartements n’ont jamais pu attirer la clientèle bourgeoise qu’ils visaient. C’est à cette "anomalie urbaine" qu’entendent à présent remédier les promoteurs de "Marseille-République", soutenus par les pouvoirs publics et le fonds d’investissement américain Lone Star.
Mille appartements : voilà déjà un bon contingent potentiel d’importation de Marseillais new-look, à fort pouvoir d’achat et de préférence venus du froid. Evidemment, il reste à "convaincre" les habitants de céder la place. Devant la caméra de Patrick Talliercio, ceux-ci témoignent de la manière dont ils ont été traités au moment de cette "réhabilitation" qui ressemble plus à un grand nettoyage social.

Suivi d’une discussion avec Patrick Talliercio.

[ 3,5 / 2,5 euro ]

26.01 > 21:00


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prog: 1050
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