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Raro Italiano

Cette année, nous vous proposons un module consacré à l’âge d’or du cinéma de genre italien. Dans les années 60 et 70, ce pays était la figure de proue d’un cinéma parallèle, s’illustrant dans des genres tels que le Péplum, le Western spaghetti, le polar, les comédies sexy, etc. C’est durant cette période que des réalisateurs comme Mario Bava, Vittorio Storaro, Umberto Lenzi, Lucio Fulci et Dario Argento se sont fait connaitre. Le cinéma transalpin réussit alors à créer un style unique, s’inspirant des films de genre américains, accompagnés d’une touche européenne, d’une tradition littéraire et d’une liberté de ton étonnante. La musique a contribué à donner une audience internationale à ces films grâce à des compositeurs comme Ennio Morricone.
Dans ce module, nous nous sommes concentré sur le "Giallo", un genre de thriller violent composé d’intrigues alambiquées, avec une fascination pour les phénomènes d’aliénations, les paranoïas et autres psychoses. Comprenant également de fréquentes scènes de nudité, le tout est filmé avec outrance. Le terme "Giallo", signifiant jaune, rappelle la couleur de couverture de la collection littéraire publiée par Mondadori. Ne voulant pas présenter les titres les plus connus, nous nous sommes penchés sur des films plus étranges, oubliés, rarement ou même jamais montrés en dehors de leur pays d’origine, dans leur format 35mm original et dans l’état dans lequel nous avons pu les trouver...
Nous rendrons un petit hommage au "poliziottescho", film policier au style très sec et brutal, à la violence nihiliste et qui entend critiquer le crime organisé et le climat politique de l’époque. Nous projetterons "Milano Calibro 9" de Fernando di Leo. La séance sera suivie d’un concert de Calibro 35, groupe italien qui réinterprète les musiques délirantes de ces films.
Hommage aussi au "Fumetti neri", séries de bandes dessinées dont les plus célèbres sont Diabolik et Kriminal. Le cinéma et la BD se sont mutuellement entrainés à franchir les frontières de l’horreur graphique et de la représentation sexuelle explicite, aboutissant aux films de zombies, de cannibales et à la "Naziploitaion". Corrado Farina viendra en personne nous présenter "Baba Yaga", un film de genre de 1973 co-écrit par Guido Crepax, auteur culte de Fumetti.
Le déclin du cinéma de genre fut rapide dès les années 1980, face aux blockbusters américains utilisant alors d’énormes moyens sur des sujets traditionnellement de Série B. Les films de genre italiens de notre époque tentent, sans argent, de refaire les films d’Hollywood, aboutissant à des résultats ridicules mais hilarants comme dans "The New Barbarians", qui lorgne du côté de "Mad Max". Les remakes sont parfois simplement pénibles et ennuyeux (la liste est longue...), mais l’aventure de ce cinéma vaut le détour et étonne encore par ses outrances et son côté subversif qui influencent encore les cinéastes d’aujourd’hui.



Il profumo della signora in nero

The Perfume of the Lady in Black

Francesco Barilli, 1974, IT, 35mm, vo st ang, 100

Une frêle jeune femme se résigne à la soumission dans une relation sans amour. Lorsque son compagnon commence à s’intéresser aux pratiques vaudou de leurs amis Africains, un complot inhumain semble se resserrer sur elle comme un étau. Alors que l’histoire commence comme une version italienne de "Rosemary’s Baby", elle se teinte vite d’un esprit unique, au fur et à mesure qu’elle nous emporte dans un cauchemar hallucinant. On tombe, avec Mimsy Farmer, dans un passé obscur et personnel, plein d’hommes transpirants et de sentiments de culpabilité non assumés, pour s’en prendre plein la vue lors de la scène finale, grotesque et choquante, qui remet en question tout ce qui précède. La narration est intrigante et énigmatique et comprend plein de moments insaisissables. Visuellement, le film en vaut aussi la peine. Le réalisateur Francesco Barilli présente son arrière-fond comme une peinture, grâce à la remarquable utilisation des couleurs. Les superbes images picturales rappellent le maître Mario Bava.

12.03 > 22:00


Fernando Di Leo, 1972, IT, video, vo st ang, 97

C’est sur fond de jazzfunk pompant et choquant que, dans le milieu louche milanais, des gangsters nerveux perdent quelques grosses liasses de billets au cours d’une transaction ratée. A sa sortie de prison, Gastone Moschin est immédiatement traîné dans une voiture, largué dans une casse pour y être brutalement frappé par Mario Adorf et sa racaille, persuadés qu’il en sait plus qu’il ne le prétend. Un film-phare de la vague des (très durs) polars italiens des années septante ; un regard extrêmement brutal sur la pègre, filmé par Fernando di Leo à la manière d’un Jean-Pierre Melville sous l’emprise d’un mélange d’hormones interdites. Des personnages extraordinaires, une danse dénudée de Barbara Bouchet dans une boîte et un Mario Adorf maniaque et rentre-dedans, volant ainsi la vedette au stoïque Moschin.

13.03 > 20:00


En fouinant dans de vieux vinyles à la recherche d’obscures samples, Tommaso Colliva découvrit des bandes sonores italiennes des années ’60 et ’70. Ces séduisants morceaux électrisants de films d’exploitation n’ont jamais été égalés. En 2007, il forma un groupe de jam avec Massimo Martellotta à la guitare lapsteel, Enrico Gabrielli au clavier et cuivres, Fabio Rondanini aux percussions et Luca Nano Cavina à la basse. Calibro 35 est un "killer combo" de Milan qui combine des éléments contemporains et des thèmes cinématographiques classiques ou obscurs, tout en restant fidèle à la version originale. Ils interprètent également leur propre répertoire, un étrange mélange de jazz, funk, rock, classique et improvisation. En bref, tous les ingrédients des bandes sonores italiennes admirées dans le monde entier. Des visuels et des extraits de films accompagneront le concert. Nous prolongerons ensuite les vibrations au bar du Nova avec Tommaso Colliva derrière les platines, en compagnie de DJ The Lounge Bastard.

13.03 > 22:00


Le Orme

Footprints on the Moon

Luigi Bazzoni, 1975, IT, 35mn, vo st ang, 96

Une jeune femme se réveille un matin en sursaut après un rêve bizarre dans lequel un cosmonaute est abandonné sur la lune. Elle réalise ensuite qu’elle vient de perdre trois jours de sa vie. Florinda Bolkan, connue entre autres pour avoir joué dans "A Lizard In A Woman’s Skin" de Lucio Fulci, campe subtilement une femme désespérée dont l’existence lui échappe lentement. L’introduction d’éléments de science-fiction dans cette histoire aux multiples strates génère une atmosphère cauchemardesque, renforcée par la lugubre musique de Nicola Piovanni et le travail à l’image de Vittorio Storaro qui fait baigner les sublimes décors dans une lumière extra-terrestre. Soyez également attentif à Klaus Kinski - dans le plus bref mais combien saisissant ’cameo’ de sa carrière. Tous ces éléments concourent à faire de ce giallo atypique, irréel, l’un des films les plus énigmatiques jamais réalisés. Quasiment introuvable, c’est LA découverte à faire au festival.

14.03 > 22:00


Lo strano vizio della Signora Wardh

The Strange Vice of Mrs. Wardh

Sergio Martino, 1971, IT, 35mm, vt ang, 94

La ravissante reine du giallo Edwige Fenech joue le rôle de Madame Wardh, mariée à un diplomate coincé et poursuivie par les souvenirs de sa relation sadomasochiste avec le dangereux Jean. Lors d’une fête décadente de la haute société, elle rencontre Georges, un charmeur dont elle tombe vite amoureuse. Entretemps, un meurtrier inconnu qui en veut aux belles femmes défraye la chronique de la ville. Sergio Martino, comme Dario Argento, a exercé une grande influence sur le courant du giallo du début des années 70. On retrouve ici les éléments typiques du genre : de superbes femmes adultères dans la haute société, des hommes forts et faibles, les tendances "mode seventies" les plus voyantes et des décorations d’intérieur incroyables. Les compositions stylées sont filmées en cinémascope et accompagnées d’une bande-son formidable. L’intrigue désespérément compliquée tourne autour de la débauche et du rasoir incisif du meurtrier mystérieux, habillé en noir avec des gants en cuir.

19.03 > 22:00


Corrado Farina, 1973, IT, 35mm, vo st ang, 91

Valentina est une jeune photographe, vivant dans le milieu artistique branché de Milan. Un soir, au cours d’une promenade nocturne, elle fait la connaissance d’une femme étrange qui se fait appeler "Baba Yaga". Suite à leur rencontre, Valentina commence à avoir des visions bizarres. Et son appareil photo, de mystérieux pouvoirs. Valentina hésite entre son amour pour Arno, un modeste réalisateur et "Baba Yaga", maîtresse d’un royaume de rêves et d’érotisme. "Baba Yaga" est l’adaptation cinématographique d’une bande dessinée ’fumetti’, de la célèbre série Valentina du scénariste Guido Crepax. Isabelle De Funes (nièce de...) incarne la gracieuse Valentina tandis que "Baba Yaga" est interprétée par Caroll Baker, l’actrice qui nous offrit "Baby Doll". Une image soignée, une direction artistique stylée et une bande sonore groovy font de "Baba Yaga" une petite perle érotico-psychédélique.

Le réalisateur Corrado Farina viendra en personne présenter son film.

15.03 > 20:00


Cosa avete fatto a Solange ?

What Have They Done to Solange ?

Massimo Dallamano, 1972, IT, 35mn, vo ang, 103

Fabio Testi est prof de gym dans une école catholique pour filles, à Londres. Lors d’une escapade amoureuse avec une de ses élèves, celle-ci s’immobilise soudain, ayant cru voir un meurtre du coin de l’oeil. Plus tard, il apprend par les médias que le corps d’une jeune femme a été retrouvé. Curieux, il se rend sur les lieux et devient ainsi immédiatement suspect auprès de la police. D’autres victimes suivent, assassinées de manière lugubre avec de profonds coups de couteaux dans le vagin. Toutes sont des élèves de cette même école catholique. Un giallo élégant de Massimo Dallamano basé sur une histoire forte signée Edgar Wallace. Malgré les thèmes d’exploitation, il s’agit d’une oeuvre d’une classe qu’on ne retrouve pas souvent dans le genre. Les belles images, à peine lumineuses, sont - chose surprenante - soignées par le maestro débauché Joe d’Amato. La bande-son d’Ennio Morricone est excellente, elle nous mène de voix de femmes cassantes en mélodies légères de piano en passant par des lignes atonales.

15.03 > 22:00


Macchie Solari

Autopsy

Armando Crispino, 1975, IT, 35mm, vo st fr & nl, 100

Mimsy Farmer interprète une jeune doctorante en médecine, obsédée par sa thèse portant sur une vague de suicides. Elle est victime d’hallucinations dans lesquelles les corps se réveillent à la morgue. Elle mène une enquête sur son père, un ’chaud lapin’ récemment décédé, et cherche à assumer ses blocages et frustrations sexuels. Par ailleurs, elle est vite tiraillée entre deux hommes dont l’un lui veut du bien et l’autre du mal. Reste à savoir lequel...
Armando Crispino propose un Giallo décalé où abondent les scènes terrifiantes et les effets de caméra. Années 1970 obligent, l’aspect érotico-psychanalytique est très poussé et amène une série de situations originales et malsaines, donnant au film son ton particulier. Pour les curieux, c’est peut-être aussi le film dans lequel la musique d’Ennio Morricone est la moins remarquable...

14.03 > 24:00


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