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Shinya Tsukamoto

Au tournant des années 2000, le Nova a été l’un des premiers cinémas en Europe à proposer une rétrospective de l’œuvre cyberpunk du cinéaste japonais Shinya Tsukamoto. "Tetsuo", "Tokyo Fist" ou "Bullet Ballet", sont autant de films coup de poing qui auront marqué pour longtemps la mémoire de cinéphiles en mal de cinéma hors norme que seuls de rares festivals fantastiques pouvaient dénicher à l’époque, à l’exemple du BIFFF avec lequel le Nova s’associa un temps. 19 ans plus tard, à l’occasion de la sortie sur notre écran de "Killing", le dernier film en date de Tsukamoto, le Nova vous propose de vous replonger pour le plaisir et le contraste dans l’univers frénétique et délirant de sa désormais trilogie "Tetsuo", et en bonus, celui de son premier moyen métrage "The Adventure of Denshu-Kojo", où sont déjà présents les thèmes chers d’un cinéaste mutant.



Killing

斬、 [ZAN]

Shinya Tsukamoto, 2018, JP, DCP, vo st fr & ang, 80

Sa coiffe est impeccable, son allure juvénile et son style tranchant, Mokunoshin Tsuzuki est le ronin - samouraï sans maître - dont tout village rêverait pour le protéger des affres de la guerre ou du grand banditisme sauvage. Justement, le calme du hameau se retrouve bouleversé par l’arrivée d’une horde de gueules fracassées en quête d’occupations. Mais les contours trop civilisés de Mokunoshin cachent un vice qui rend les choses plus compliquées qu’une partie d’escrime : il n’a jamais tué et ne semble pas avoir envie de verser le sang. La vie des antagonistes aussi aurait-elle de l’importance ?
Porté par une caméra à l’épaule naturaliste, ce film de samouraï se révèle particulièrement surprenant dans son traitement du rapport à la mort et au meurtre. Si "Killing" semble démarrer par l’éloge nostalgique d’un mode de vie et d’un paysage nippon médiéval, c’est pour mieux en sabrer les codes et remettre à plat l’essence de cette pensée rigoriste, figée et farouchement meurtrière. Réalisé en trois semaines et avec les idées affûtées, ce film s’érige comme réponse à la pensée militariste nippone portée par le gouvernement japonais dans un pays hanté par les tensions avec la Chine et nourri des récits esthétisants de nobles combats de sabres et d’un code d’honneur indépassable. À l’image de "Samuraï Rauni" - le film de samouraï finlandais - le bien fondé de la vengeance est ici vertement remis en cause. Un film de samouraï pacifiste qui subvertit les codes du genre porté par le réalisateur indépendant Shinya Tsukamoto ("Tetsuo" ou "Bullet Ballet").

11.04 > 20:00 + 14.04 > 15:00 + 21.04 > 17:00 + 26.04 > 22:00 + 03.05 > 20:00 + 04.05 > 21:00
6€ / 4€


The adventure of Denchu-Kozo

電柱小僧の冒険 [DENCHÛ KOZÔ NO BÔKEN]

Shinya Tsukamoto, 1987, JP, super8 > video, vo st ang, 47

Un jeune ado se voit rejeté par ses camarades, suite à la pousse d’une barre de métal dans son dos. Affublé de cet étrange appendice, Hikari, aka Denchu-Kozo (littéralement, le garçon au pylône électrique), se propulse 25 ans plus tard dans un futur menacé par des vampires cyborgs. Avec l’aide d’une femme coiffée d’un livre, le jeune héros tentera de sauver la planète. Tsukamoto a 26 ou 27 ans lorsqu’il tourne cette fiction fantaisiste, jouée quelques temps plus tôt sur scène par sa troupe le Kaijyu Theater, et dont des éléments préfigurent sa saga Tetsuo. C’est son dernier film en Super8 couleur, format qu’il expérimente depuis l’âge de 14 ans. Tous les effets spéciaux y sont déjà exploités : pixillation et animation en stop-motion, effets visuels et costumes exubérants, le tout en un montage énergique sous fond de musique rock déjantée. Nous sommes à l’âge d’or du "jishu eiga" au Japon, ces films Super8 underground auto-produits dès la fin des années 70 par une jeune génération remplie de rage et de passion, dont Tsukamoto et ses obsessions techno-monstrueuses est l’un des plus fameux représentants.

11.04 > 22:00 + 03.05 > 22:00
4€ / 3€


Si les deux premiers "Tetsuo" avaient déjà étés programmés au Nova, le dernier faisait encore défaut. Voilà qui est réparé ! Et pour mieux vous régaler, les trois films à la fois, par ordre chronologique. Certes, c’est une réelle épreuve, peu d’entre vous en ressortiront indemnes, on prend le pari. Un seul "Tetsuo", déjà, il faut se le manger dans la tronche tabassée à coup de montage cut, de séquences hystéros, de chaires sanguinolentes gangrénées par l’acier. Alors trois !!! Mais si l’on vous soumet à ce défi, c’est que les trois "Tetsuo" sont une seule et même variation autour de l’homme trans-machine qui mesurent sur trente ans l’évolution d’un cinéaste génial.

12.04 > 20:00
10€ / 8€ (soirée / avond)


Shinya Tsukamoto, 1989, JP, DCP, vo st ang, 67

Début des années 80, "Akira", le manga de Katsuhiro Otomo fait une entrée fracassante dans la culture populaire du Japon. L’un des personnages, Tetsuo, est un sale gosse humilié par ses amis dont le bras enfle jusqu’à devenir un membre étranger et terrifiant. 1989, "Tetsuo" débarque au cinéma dans le premier film de Tsukamoto. Et là, personne n’en revient indemne ! Tourné dans un noir et blanc granuleux sous ou surexposé, construit sur des séquences hallucinées et hallucinantes, des accélérés hystériques, des stop-motions saccadés, des montages cuts/hypercuts, "Tetsuo" est une fête foraine à lui seul, version trash cyberpunk biomécanique… L’histoire de cet homme peu-à-peu transformé en machine jusqu’à l’effroi nous roue littéralement de coups à force d’images chocs, de bande-son glaçante et métallique signée Shu Ishikawa, de rythme effréné et de scènes totalement surréalistes et violentes. Et Tetsuo devient ainsi l’image repoussoir-cauchemar de l’homme plongé dans la ville déshumanisante qui fait de lui sa prothèse, celle d’un monde d’acier, artificiel, possédant sa propre logique aveugle et terrifiante de colonisation.

12.04 > 20:00
6€ / 4€


Tetsuo II : The Body Hammer

鉄男Ⅱ BODY HAMMER

Shinya Tsukamoto, 1992, JP, DCP, vo st ang, 80

Construit à nouveau autour des thèmes de l’humiliation et de la vengeance "Tetsuo : The Body Hammer" met au centre de sa narration un employé de bureau insipide et sans histoires, qui tente de faire face à une bande de "cyborgs" quand elle agresse son gamin. Mais alors qu’il tente de se défendre, la bande l’enlève et le soumet à des expériences qui nouent chairs et métaux pour construire le nouvel homme, l’arme suprême. Sauf qu’évidemment, Taniguchi n’en demandait pas tant même s’il est prêt, maintenant, à venger toutes les humiliations. Alors que le premier "Tetsuo" s’étalait dans un noir et blanc superbe, le second s’empare de la couleur pour construire son récit entre bleu et rouge. Les moyens de productions aussi sont nettement plus importants dans ce second opus. Mais pour autant, la même furie destructrice préside à la réalisation de cette seconde partie avec une autre variation sur la colonisation de la chair par la machine.

12.04 > 22:00
6€ / 4€


Tetsuo : The Bullet Man

鉄男 THE BULLET MAN

Shinya Tsukamoto, 2009, JP, 35mm, vo st ang, 71

"Tetsuo III : The Bullet Man" ressemble à nouveau à une version cyberpunk de Hulk. L’acteur anglophone Eric Bossick a les airs fadasses de Superman en complet, lunettes et malette. Et il porte aussi à bout de bras sa femme neurasthénique. Mais l’ennui bascule quand une voiture écrase volontairement son seul bonheur, son gamin sous ses yeux (séquence choc genre western apocalyptique). Totalement abattu, incapable de faire face d’abord, sa colère prend le pas et la machine grandit en lui. La haine produit la mutation, le métal qui s’immisce sous la peau a la texture de la chaire. Mais il semblerait que rien ne soit dû au hasard.... Filmé en HD qui permet toutes les souplesses et la froideur des images crues, ce "Tetsuo" ose tout. Caméra portée et lancée tout azimut, angles de vue acrobatiques, ellipses narratives puissantes et hallucinées, montage surdécoupé, Tsukamoto va encore plus loin que dans les deux premiers volets (si si, c’est possible !). Et si l’intrigue est minimaliste, le final est grandiose !

12.04 > 24:00
6€ / 4€


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prog: 2360
pos: aval